Racisme
BONNES PRATIQUES
Pour être inclusif des personnes racisées
Communication
L’importance d’une communication positive et inclusive en loisir pour lutter contre le racisme
Les personnes racisées font face à l’invisibilisation, la sous-représentation et l’exclusion. Afin de lutter contre les préjugés et la discrimination, il est primordial d’instaurer une communication inclusive et positive, afin que chaque personne se sente évoluer dans un contexte sécuritaire.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de favoriser les représentations positives et diversifiées, de lutter contre le racisme et de participer à la mise en place de milieux de loisir plus inclusifs pour les personnes racisées.
C1.
Présenter une diversité de personnes, notamment de différentes cultures, dans les communications
Les personnes racisées représentent 13% de la population québécoise, mais n’occupent que 5% des rôles à la télévision par exemple. Cette sous-représentation participe à leur invisibilisation de la sphère publique par rapport à la majorité blanche. Porter une attention particulière à diversifier les représentations dans les communications est donc un moyen de contrebalancer ce phénomène. De plus, des communications qui ne prennent pas en compte ces personnes risquent de ne pas les rejoindre, puisqu’elles ne semblent pas leur être adressées. À l’inverse, en les représentant positivement dans les communications, les personnes racisées peuvent plus facilement se reconnaître, ce qui peut susciter leur intérêt envers un organisme, des services, une activité ou un événement.
Attention, Il faut prêter attention aux images utilisées pour ne pas reproduire des stéréotypes. Il est important de mettre de l’avant des images diversifiées et positives. Portez également attention aux rôles et aux positions des personnes dans les images. De plus, les personnes racisées ne sont pas un groupe homogène et présentent également une diversité d’individus de différents genres, différents âges, différentes situations socio-économiques, différents modèles familiaux, etc.
Il faut également éviter les stéréotypes et préjugés dans les communications, au lieu de dire « Nous savons que certains sports sont plus populaires chez certaines cultures », on pourrait par exemple dire : « Nous encourageons tout le monde, peu importe leur expérience ou leur culture, à essayer de nouvelles activités ! » Ce langage inclusif favorise un environnement ouvert à la diversité.
C2.
Prévoir un calendrier incluant des événements pour représenter les diversités et les populations traditionnellement marginalisées
Les journées thématiques sont nombreuses et visent justement à mettre de l'avant des causes ou des groupes de la population qui sont souvent peu représentés ou valorisés. Participer à ces journées permet de rendre visibles certains enjeux et d'amorcer la discussion. Cela peut également être une bonne excuse pour organiser une activité, par exemple une formation sur le racisme durant le mois de l'histoire des Noirs (février) ou lors de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale (21 mars).
Références :
Ressources humaines
Les personnes racisées sont habituées à vivre de la stigmatisation, de l’exclusion ou du rejet. Pour contrer ces préjugés et ces comportements discriminatoires, il est primordial d’adopter des pratiques de ressources humaines inclusives et non racistes pour favoriser un climat bienveillant envers les personnes racisées.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place des ressources humaines inclusives et un service à la clientèle bienveillant. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes racisées.
L’importance de pratiques de ressources humaines et d’un service à la clientèle sans racisme en loisir
R1.
Former le personnel sur les concepts d’inclusion et de diversité et sur les enjeux vécus par les personnes racisées.
Le racisme et les situations discriminatoires peuvent nuire à la participation des personnes racisées aux activités de loisir.
Un personnel formé sera plus sensible aux besoins spécifiques de certaines personnes et saura mieux reconnaître les situations qui pourraient faire obstacle à une participation positive aux activités de loisir des personnes racisées.
Une personne qui anime pourrait, sans s'en rendre compte, privilégier les enfants d’un certain groupe ethnique dans les activités en raison de préjugés implicites sur leur niveau de compétence. Une formation aiderait à reconnaître ces schémas et à encourager une répartition plus équitable de l’attention et des ressources.
Une personne d'origine africaine peut se sentir marginalisée si elle est la seule de son groupe ethnique à participer à une activité et que ses besoins ne sont pas pris en compte. Un personnel formé serait attentif à créer des environnements où cette personne se sente intégrée, en reconnaissant la diversité des origines et des expériences de vie.
Lorsqu’une situation de micro-agression se produit (comme des commentaires déplacés sur l’origine ou l’accent d’un participant), un personnel formé saura intervenir immédiatement, non seulement pour mettre fin à l’incident, mais aussi pour engager un dialogue respectueux et éducatif avec les personnes concernées.
Lors d'un évènement, si des personnes racisées préfèrent ne pas participer à certaines heures en raison de restrictions religieuses (comme le jeûne), un personnel formé serait en mesure de proposer des alternatives ou de modifier l’horaire des activités pour favoriser la participation.
Attention, il ne faut pas confondre personne immigrante et personne racisée. Bien que certaines personnes racisées soient également des personnes immigrantes, ce n’est pas nécessairement le cas.
Références :
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Formation « L’impact des biais inconscients sur la discrimination»
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Ligue des droits et libertés - « Atelier le racisme systémique… parlons-en! » ou des ateliers sur demande
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Institut F – Réussir la pluralité
R2.
Mettre de l’avant des modèles diversifiés
Tout comme il est important de diversifier ses communications, il est important de diversifier ses équipes de travail, en engageant du personnel qui ressemble davantage à la diversité de la population. Par exemple, une personne racisée qui anime une activité auprès des jeunes peut devenir un modèle pour ceux-ci et ainsi participer à leur inclusion dans ces activités de loisir.
Programmation
Tout le monde doit avoir accès à des activités de loisir. C’est pourquoi il est important pour une organisation de loisir d’adopter une posture d’inclusion au moment de réfléchir à sa programmation, ses activités et son animation.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place une programmation inclusive. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes racisées.
L’importance d’une programmation de loisir inclusive pour les personnes racisées
P1.
Diversifier la programmation
Certaines activités de loisir, pour des raisons historiques et culturelles, sont presque exclusivement pratiquées par des personnes blanches. Diversifier la programmation des activités permet de rejoindre des personnes avec d’autres intérêts. Il ne s’agit pas nécessairement d’organiser des activités en lien avec des cultures spécifiques, mais plutôt de développer le réflexe de se questionner sur qui participe à tel type d’activité ou utilise telle installation, afin de s’assurer de rejoindre différents groupes de la population.
P2.
Organiser des événements non mixtes
Certaines activités de loisir, pour des raisons historiques et culturelles, sont presque exclusivement pratiquées par des personnes blanches, ce qui peut devenir un obstacle ou un frein à la participation de certaines personnes racisées. En offrant des activités non mixtes pour un groupe particulier, cela peut permettre la découverte de nouveaux loisirs dans un environnement sécuritaire.
Par exemple, un centre de loisir pourrait organiser des sessions de natation ou de sports collectifs réservées aux femmes racisées. Dans un tel cadre, les participantes peuvent se sentir plus à l’aise pour s’initier à des activités qu’elles n’auraient peut-être pas osé essayer dans un groupe mixte, et cela favorise la création d’un espace de solidarité entre elles.
Attention, il ne faut pas stigmatiser certains groupes culturels, la non-mixité pour avoir des effets positifs doit être une non-mixité choisie et non imposée. Il est alors essentiel d’être toujours dans une approche « par et pour » pour ce genre d’initiatives. En effet, les activités non mixtes doivent toujours être organisées en étroite collaboration avec les groupes qu'elles concernent, afin de s’assurer que ces événements répondent réellement aux besoins et aux attentes des personnes participantes. Cela implique de donner une voix active à des personnes représentantes de personnes racisées dans la conception, la planification et l'animation de ces activités, renforçant ainsi leur autonomie et leur inclusion.
P3.
Mettre de l’avant la diversité culturelle dans les activités et les événements
Il y a une multitude de façons de valoriser les différences culturelles. Cela peut être par l’organisation spécifiquement d’une journée thématique sur une culture en particulier, par exemple une fête haïtienne ou une lecture de conte arabe. Ou encore, en incorporant des éléments de différentes cultures à une activité plus traditionnelle, par exemple lors d’une soirée jeux de société, penser à offrir la possibilité de jouer à des jeux d’autres cultures. Également, lors d’un festival de quartier, un stand pourrait être dédié à la cuisine mexicaine, un autre à la culture sénégalaise, et un autre à la musique traditionnelle indienne. Ce type de festival encouragerait les échanges, non seulement à travers les éléments présentés, mais aussi entre les personnes qui participent et partagent leurs expériences culturelles. Cela peut permettre aux personnes racisées de se sentir incluses dans ces activités, autant qu’à faire découvrir de nouvelles activités ou de nouvelles cultures à l’ensemble de la population.
P4.
Offrir différentes options de menu lors d’événements
Lors de l’organisation d’événements, par exemple des portes ouvertes, un colloque, un rassemblement de quartiers ou une fête estivale durant lesquels de la nourriture est servie, il est important de considérer les différents régimes alimentaires. On peut ainsi proposer différents menus, comme un menu végétarien, sans porc ou halal. Penser également à indiquer les différentes options offertes au moment de promouvoir l’événement.
Gouvernance
En travaillant sur la mise en place d’une gouvernance inclusive et de partenariats diversifiés, une organisation se donne les moyens de transformer ses structures pour lutter contre tous comportements et pratiques discriminatoires envers les personnes racisées.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de favoriser une représentation diversifiée et une gouvernance inclusive. Ces pratiques visent à créer une expérience positive en loisir pour les personnes racisées.
L’importance d’une gouvernance inclusive en loisir pour lutter contre le racisme
G1.
Mettre en place des partenariats avec des organisations qui travaillent auprès des personnes racisées
G2.
Collaborer avec des organisations qui travaillent avec des personnes racisées permet de les inclure dans le dialogue, de reconnaître leurs enjeux spécifiques et de travailler de concert à l’élimination des obstacles qu’elles vivent au quotidien dans l’accessibilité et l’inclusion au loisir.
Adopter une politique contre le harcèlement et y inclure les comportements racistes et xénophobes
Bien que la discrimination envers la « race », l’origine ethnique ou nationale, la couleur de la peau ou la religion est interdite selon la Chartre des droits et libertés de la personne du Québec, des situations racistes, xénophobes ou discriminatoires peuvent tout de même survenir dans n'importe quel milieu. Adopter une politique qui spécifie ces motifs démontre un engagement à lutter contre ces formes d’oppression tout en outillant les milieux sur les manières d'intervenir dans ce genre de situation. On peut également avoir un code de vie pour le personnel et les personnes participantes dans lequel les comportements racistes et discriminatoires sont interdits. Il est possible de mettre en place des formations obligatoires pour tout le personnel sur les biais raciaux et les comportements discriminatoires, tout en instaurant un processus clair de signalement et de gestion des incidents racistes qui pourraient survenir.
Attention, il faut veiller à bien adresser tout comportement inapproprié, que ce soit des « maladresses » ou des actions discriminatoires, voire racistes, les personnes racisées doivent pouvoir pratiquer leur loisir dans des environnements sécuritaires.
Référence : voir modèle CNESST
G3.
Se fixer des objectifs de représentation
Pour assurer une bonne représentation, il est généralement nécessaire de sortir de son réseau habituel. En se fixant des objectifs de représentation de la diversité, par exemple sur un comité ou dans une programmation d’un événement, une organisation ou une équipe de travail s’oblige ainsi à évaluer et revoir ses processus habituels. En incluant des membres racisés dans son conseil d’administration, l’organisme peut mieux comprendre les obstacles à la participation auxquels ces communautés sont confrontées. Ces membres peuvent suggérer des initiatives spécifiques pour favoriser l’inclusion, comme la révision des critères d’admissibilité à certaines activités, une communication plus inclusive ou la mise en place de politiques anti-discrimination plus strictes. Un organisme pourrait revoir ses procédures de recrutement pour s'assurer qu'elles n'excluent pas inconsciemment les personnes racisées, par exemple en diversifiant les canaux de recrutement, en revoyant la communication, ou en formant les gestionnaires à repérer et corriger les biais lors des entretiens.
Équipements et infrastructures
L’importance d’une gestion inclusive et non raciste des équipements et des infrastructures
Les enjeux de racisme ne sont pas toujours pris en compte dans l’aménagement des espaces, des infrastructures et l’achat de matériel ou d’équipement de loisir. Les personnes racisées peuvent alors vivre des situations désagréables où les environnements de loisir sont mal adaptés à leurs besoins, ce qui peut freiner leur participation à des activités.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place une gestion inclusive des équipements et des infrastructures de loisir. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes racisées.
E1.
Représenter la diversité des communautés dans l’aménagement des espaces
Les espaces peuvent être aménagés de façon à représenter la diversité des personnes qui les fréquentent, et à répondre à leurs besoins. Par exemple, un parc qui fut autrefois réservé uniquement aux populations blanches durant l’époque de la ségrégation pourrait intégrer un espace commémoratif dédié aux luttes contre le racisme, et proposer des événements annuels qui célèbrent la diversité, afin de redéfinir son rôle comme lieu d'inclusion et de rassemblement pour toutes les communautés.
De même, un centre communautaire pourrait nommer certaines salles d’activités en hommage à des figures historiques locales d’origine racisée, ou décorer les espaces avec des œuvres d'art provenant de différentes cultures présentes dans la communauté. Cela permettrait de reconnaître et de célébrer la diversité culturelle de la population locale.
De plus, lors de la rénovation d’un centre de loisirs, les gestionnaires pourraient organiser des consultations communautaires avec les groupes racisés locaux pour recueillir leurs idées et leurs préoccupations concernant l’aménagement des espaces, afin de s'assurer que les infrastructures finales reflètent les besoins et les désirs de toutes les communautés.
E2.
Rendre disponible un local ou une zone pour la prière
Ce type d’initiatives est nécessaire, notamment lors d’événements de plusieurs heures. Ce local n’a pas à être exclusivement dédié à la prière, cela peut être jumelé avec d’autres besoins, par exemple un local calme où se reposer pour les personnes âgées ou les personnes avec un handicap ou un trouble de santé mentale. Ce local peut avoir diverses utilités, l’important est de bien spécifier et afficher les différents usages de ce local, afin d’assurer que les personnes qui voudraient prier ou se reposer se sentent les bienvenues.
Petit lexique
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Personnes racisées : Fait référence aux personnes qui appartiennent ou qui semblent appartenir à un groupe qui a subi un processus de racisation. Le terme « racisé » permet de mettre en lumière le caractère socialement construit des différences raciales.
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Racisme : Idéologie reposant sur l'existence et la hiérarchisation de « races » humaines et par le fait même, de la supériorité de certains groupes sociaux (généralement blancs) sur d'autres, en raison de la couleur de la peau ou le pays d'origine. Il est source de violences, de discriminations, d'inégalités, de marginalisation, d’oppression et d'exclusion.
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Antiracisme : Lutte consciente et active contre les mesures, politiques, actions racistes et toutes formes de discriminations raciales existantes, autant au niveau individuel qu’institutionnel ou systémique. Le mouvement « Black lives matter » en est un bon exemple.
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Biais inconscients : Une attitude, un stéréotype, une motivation ou une hypothèse de nature implicite qui peut se manifester à l’insu de la personne qui affiche ce préjugé ou indépendamment de son contrôle ou de son intention.
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Privilège : Avantages injustes et immérités que la société́ accorde à une personne parce que (ou parce qu’on perçoit que) son identité́ sociale correspond à ce que l’on considère comme supérieur selon les règles et les normes sociales. Le privilège se traduit souvent par l’absence d’obstacles liés à une identité sociale particulière (p. ex., privilège blanc ou privilège hétérosexuel).