Psychophobie
BONNES PRATIQUES
Pour être inclusif des personnes ayant des troubles de santé mentale
Communication
L’importance d’une communication positive et inclusive en loisir pour lutter contre la psychophobie
Les personnes vivant avec un trouble de santé mentale font face à de la stigmatisation de la part des personnes considérées comme appartenant à la norme, et cette stigmatisation permanente peut être parfois plus difficile à vivre pour les personnes, que le trouble en lui-même. Afin de lutter contre les préjugés et la discrimination, il est primordial d’instaurer une communication inclusive et positive, afin que chaque personne se sente évoluer dans un contexte sécuritaire.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de favoriser les représentations positives et diversifiées en lien avec la santé mentale, de lutter contre la psychophobie et de participer à la mise en place de milieux de loisir plus inclusifs pour les personnes vivant avec un trouble de santé mentale.
C1.
Communiquer les mesures d'accessibilité qui favorisent une expérience positive et inclusive en loisir
Les personnes ayant des troubles de la santé mentale ont pour habitude de faire face à de la stigmatisation, et leurs troubles peuvent rendre leur quotidien plus complexe, ce qui freine leur participation à des activités de loisir. Une communication claire sur les mesures d’accessibilité mises en place peut les inciter à participer aux activités dans un contexte sécuritaire. On peut ainsi détailler les mesures d’accessibilité clairement sur le site internet, ou dans les brochures explicatives des activités, afin que l’information soit disponible facilement.
C2.
Inclure dans son calendrier des événements qui mettent en avant les enjeux de santé mentale
Prévoir un calendrier incluant des événements pour mettre en lumière les enjeux liés à la santé mentale est un bon moyen pour sensibiliser et éduquer sur ces thématiques. La journée mondiale de la santé mentale, qui a lieu le 10 octobre, peut notamment être un moment privilégié pour proposer une formation au personnel sur ce sujet, ou pour organiser des activités de sensibilisation.
C3.
La stigmatisation qui entoure les troubles de santé mentale fait que ce sujet a longtemps été passé sous silence. Afin de rendre le sujet plus visible et de lever le tabou qui l’entoure, il peut être souhaitable d’aborder les enjeux de santé mentale et leurs impacts sur le loisir lors d’événements et de congrès. Donner des informations au public, et rendre visible ces problématiques, permettra de mieux lutter contre la stigmatisation.
Aborder les enjeux liés à la santé mentale lors d’événements
C4.
Adopter un langage inclusif relatif à la santé mentale
Afin d’adopter un langage inclusif relatif à la santé mentale, il est primordial de bannir les blagues oppressives ou remarques moqueuses, telles que « il n’a pas pris ses pilules aujourd’hui » ou « tu sors de l’hôpital psychiatrique ou quoi ? ». Ce type de remarques instaure un climat oppressif qui n’est pas souhaitable pour que tout le monde se sente à sa place.
De plus, il est important de ne pas réduire une personne à son trouble : par exemple, il ne faut pas dire « un schizophrène », mais plutôt « une personne qui vit avec un diagnostic de schizophrénie », afin que la personne n’ait pas la sensation qu’elle n’ait pas d’identité propre en dehors de son trouble.
Ressources humaines
Les personnes vivant avec un trouble de santé mentale sont habituées à vivre de la stigmatisation, de la crainte, de l’infantilisation, de l’exclusion ou du rejet. Pour contrer ces préjugés et ces comportements discriminatoires, il est primordial d’adopter des pratiques de ressources humaines inclusives et non psychophobes pour favoriser un climat bienveillant envers les personnes vivant avec un trouble de santé mentale.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place des ressources humaines inclusives et la mise en place d’un service à la clientèle bienveillant. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes vivant avec un trouble de la santé mentale.
L’importance de pratiques inclusives de ressources humaines et d’un service à la clientèle sans psychophobie en loisir
R1.
Former le personnel sur les enjeux liés à la santé mentale et à la psychophobie
Les personnes qui vivent avec un trouble de santé mentale font souvent face à la stigmatisation, qui fait autant de mal que le trouble de santé mentale en lui-même. Ainsi, il est nécessaire que le personnel soit formé, afin d’éviter les comportements psychophobes, de déconstruire les préjugés, de mieux comprendre les enjeux de santé mentale et le rétablissement personnel et de pouvoir adopter un comportement inclusif envers les personnes ayant un trouble de santé mentale. Un personnel formé sera plus à même de reconnaître des comportements discriminatoires, d’y remédier et donc d’offrir un environnement sécuritaire.
R2.
Former le personnel aux premiers soins en santé mentale
R3.
Tout comme pour la santé physique, des situations d’urgence peuvent survenir en ce qui concerne la santé mentale des individus et il est important que le personnel soit formé pour pouvoir y faire face de façon sécuritaire. Ces situations sont stressantes (crises d’angoisse, épisodes psychotiques, comportements suicidaires, etc.) et il est nécessaire d’être outillé pour pouvoir réagir adéquatement. Des formations appropriées peuvent être trouvées notamment sur le site : Changer les mentalités.
Être à l’écoute et empathique envers les personnes qui ont des troubles de santé mentale
Si une personne exprime des signes de mal-être ou le communique clairement, il est important de lui apporter une écoute bienveillante et sans jugement. Il est préférable d’essayer de la rassurer et de l’aider à trouver des solutions. Il est également nécessaire de l’encourager à rechercher l’aide d’un professionnel de la santé mentale et aussi le soutien d’une personne de confiance de son entourage, lorsque cela est possible.
Attention, il faut éviter d’évacuer le problème de façon superficielle en répondant par exemple « ça va aller », et faire attention à prendre les problèmes au sérieux. Si la personne se confie sur des troubles de santé mentale qui peuvent la mettre en danger, il ne faut pas promettre de garder le secret, même si la personne le demande, car cela peut s’avérer dangereux pour sa sécurité. Si une personne semble aller mal, mais ne veut pas parler, il ne faut pas essayer de la forcer, mais plutôt lui signifier qu’on sera disponible quand elle souhaitera s’exprimer. Il n’est pas non plus approprié de vouloir imposer une conduite à la personne, il faut accepter que la personne puisse ne pas vouloir suivre nos conseils.
R4.
Recruter des profils diversifiés dans son équipe ou lors d’événements
Que ce soit pour devenir bénévoles, pour animer une activité, un événement ou pour combler un poste permanent ou contractuel, il peut être intéressant de réfléchir à de nouveaux bassins de recrutement pour les personnes ayant un trouble de santé mentale. En diversifiant les profils, on peut rejoindre différents publics et permettre la multiplication des points de vue. De plus, il faut prendre conscience de nos biais : nous tendons toujours à préférer consciemment ou non les personnes qui nous ressemblent ou qui correspondent le plus aux normes de la majorité.
Attention, il ne faut pas voir le recrutement diversifié comme une case à cocher ou un quota à remplir, mais plutôt comme un atout et une plus-value. La diversité des personnes permet d'accéder à des expériences spécifiques qui seraient possiblement restées dans l'ombre autrement. Cela permet également de présenter des modèles diversifiés qui pourront inspirer différemment d'autres personnes. Du plus, côtoyer des personnes avec un trouble de la santé mentale peut aider à se sensibiliser sur les discriminations et les inégalités qu'elles vivent au quotidien.
R5.
Permettre la mise en place d’accommodations pour le personnel ayant des troubles de santé mentale
Travailler dans les mêmes conditions que le reste du personnel peut être compliqué pour une personne ayant des troubles de santé mentale, aussi, il est souhaitable de demander aux personnes si elles souhaitent des accommodations en lien avec leur trouble. On peut tout simplement demander à la personne ce dont elle a besoin et qui pourrait faciliter son inclusion. Par exemple, on peut proposer des pauses plus fréquentes à une personne qui a le TDAH, si elle a besoin de bouger, ou réfléchir à des modalités de communication autres que les appels téléphoniques pour une personne qui a de l’anxiété sociale.
Attention, il faut malgré tout éviter les questions indiscrètes qui touchent la vie personnelle et ne pas forcer le dévoilement si les personnes ne le souhaitent pas. De même, il est inapproprié de demander des preuves de diagnostic d’un trouble, car c’est intrusif
Programmation
Une personne, peu importe sa condition de santé mentale, doit avoir accès à des activités de loisir. C’est pourquoi il est important pour une organisation de loisir d’adopter une posture d’inclusion au moment de réfléchir à sa programmation, ses activités et son animation.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place une programmation inclusive. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes vivant avec un trouble de santé mentale.
L’importance d’une programmation de loisir inclusive pour les personnes ayant un trouble de santé mentale
P1.
Organiser des activités spécifiques pour les personnes ayant des troubles de santé mentale
Les bienfaits du loisir sur la santé mentale étant reconnus, il est pertinent d’établir un premier contact avec des patients étant dans des établissements de santé et de proposer des activités leur étant destinées spécifiquement. Être entouré par un public vivant lui aussi des troubles de santé mentale peut permettre de surmonter la crainte de la stigmatisation et de renouer avec le loisir dans un environnement sécuritaire.
P2.
Mettre en place des accommodations lors des activités
Les personnes ayant des troubles de santé mentale ont internalisé la stigmatisation et peuvent hésiter fortement à participer à des activités de loisir de peur de faire face au rejet et à l’exclusion des autres personnes participantes. Il est nécessaire de prévoir des conditions de participation plus flexibles, pour leur donner envie de participer : on peut par exemple leur proposer des séances d’initiation, leur proposer de revenir, mais accepter les refus sans juger ou insister.
Pour permettre à une personne d’être dans des conditions favorables, on peut lui demander de quelles accommodations elle aurait besoin et ainsi mettre en place des mesures flexibles et adaptées qui facilitent son inclusion. Il peut être pertinent d’introduire une flexibilité au niveau des horaires. En effet, dans certains cas, il peut être difficile pour certaines personnes de participer à des activités ayant lieu le matin, car la prise de médication peut entraîner de la somnolence, par exemple. Il est également recommandé d’autoriser les personnes ayant un trouble de santé mentale à participer avec une personne intervenante ou accompagnatrice sans frais. En effet, dans un contexte de crainte de la stigmatisation, être accompagné par une personne connue peut permettre de se sentir plus en confiance. De même, certaines personnes peuvent souhaiter être accompagnées par leur animal de soutien émotionnel.
P3.
Favoriser la gratuité, les paiements modulés selon les revenus ou l’implication bénévole pour participer aux activités
Parce qu’elles vivent de la discrimination, les personnes ayant un trouble de la santé mentale peuvent vivre avec un faible revenu et couplé avec la peur de la stigmatisation de la part des autres participants, cela peut faire obstacle à leur participation au loisir. Offrir des sessions gratuites, proposer une tarification modulée ou permettre l’implication bénévole pour accéder gratuitement aux activités, peuvent être des solutions qui favorisent l’accessibilité au niveau économique.
P4.
Consulter les personnes participantes aux activités
Il est important de consulter les personnes participantes pour connaître leurs besoins, leurs niveaux de satisfaction des lieux, des activités, de l'animation, de l'équipement, etc. Inclure également des questions en lien avec le confort, les comportements du personnel ou des personnes participantes et demander des suggestions pour améliorer les activités ou la programmation. Nous avons tous et toutes des angles morts, consulter est une façon d’en prendre conscience et d’améliorer nos services. Connaître les besoins des personnes est une façon efficace de se donner les moyens de réduire les discriminations.
Attention, il est important de prendre en considération les besoins exprimés lors d’une consultation sinon cela peut davantage engendrer de frustrations et de déceptions. De plus, éviter les questions personnelles : l’objectif est d’évaluer la programmation.
Gouvernance
En travaillant sur la mise en place d’une gouvernance inclusive et de partenariats diversifiés, une organisation se donne les moyens de transformer ses structures pour lutter contre tous comportements et pratiques discriminatoires envers les personnes vivant avec des troubles de santé mentale.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de favoriser une représentation diversifiée et une gouvernance inclusive. Ces pratiques visent à créer une expérience positive en loisir pour les personnes ayant des troubles de santé mentale.
L’importance d’une gouvernance inclusive en loisir pour lutter contre la psychophobie
G1.
Établir des partenariats avec des établissements de santé et des organismes communautaires
G2.
D’une part, collaborer avec des organismes communautaires qui travaillent sur des enjeux de santé mentale est nécessaire pour mieux comprendre ces enjeux et lutter contre la psychophobie. D’autre part, le loisir étant bénéfique à la santé mentale, il est important de collaborer avec des établissements de santé, afin de mettre de l’avant les bienfaits du loisir auprès du personnel de ces établissements, facilitant ainsi l’inscription des patients à des activités de loisir.
Inscrire l’inclusion des personnes ayant un trouble de santé mentale dans les règlements internes
Les personnes ayant des troubles de santé mentale vivent de la stigmatisation au quotidien, aussi, il est nécessaire d’affirmer la lutte contre la psychophobie de façon concrète, en inscrivant l’inclusion des personnes ayant des troubles de santé mentale dans les valeurs de l’organisme, dans ses règlements, pour que ce soit ensuite décliné au travers d’actions concrètes. Ainsi, il est primordial d’acter de façon écrite la tolérance zéro envers les comportements psychophobes et de s’opposer aux préjugés et à la stigmatisation relativement à la santé mentale. De même, il est nécessaire d’inclure les comportements psychophobes dans les politiques contre le harcèlement au travail et dans les règles d’utilisation des services, pour assurer des environnements sécuritaires. L’inclusion d’un processus de plaintes et de sanctions est aussi importante. Il est également intéressant de créer dans les organisations un comité consultatif dédié à la santé mentale, constitué de personnes qui peuvent parler de leur point de vue, de leur expérience, afin de bénéficier à l’organisation dans son ensemble.
Équipements et infrastructures
L’importance d’une gestion inclusive et non psychophobe des équipements et des infrastructures
Les enjeux de santé mentale ne sont pas toujours pris en compte dans l’aménagement des espaces, des infrastructures et l’achat de matériel ou d’équipement de loisir. Les personnes vivant avec un trouble de la santé mentale peuvent alors vivre des situations désagréables où les environnements de loisir sont mal adaptés à leurs besoins, ce qui peut freiner leur participation à des activités.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place une gestion inclusive des équipements et des infrastructures de loisir. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes ayant des troubles de la santé mentale.
E1.
Prévoir des zones de calme
Les personnes vivant avec certains troubles de santé mentale peuvent ressentir le besoin de s’isoler pour ressentir du calme, ainsi, il est nécessaire de prévoir une zone de calme, un lieu de pause ou proposer d’ouvrir une salle, afin d’assurer le bien-être et l’équilibre de tout le monde. Cela peut permettre aux personnes de s’isoler et se calmer au besoin. Cela est particulièrement nécessaire dans des contextes animés, comme lors de fêtes ou événements.
Petit lexique
Psychophobie: Il s’agit de l’ensemble des préjugés, stéréotypes, peurs et discriminations envers les personnes qui ont (ou qui semblent avoir) un trouble de santé mentale.
Neurodiversité : La neurodiversité renvoie au concept de la variabilité neurologique des individus dans une optique non médicale. Ce concept est historiquement lié aux mouvements de reconnaissance des droits des personnes autistes, mais inclut également, sans s’y limiter, les troubles d’apprentissages et le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
Neurotypique : Le terme neurotypique est utilisé pour désigner une personne dont le fonctionnement neurologique et cognitif est considéré comme la norme. À l’inverse une personne neuro-atypique ou neurodivergente désigne une personne qui présente un trouble neurologique ou cognitif, par exemple les troubles en « dys » comme la dyslexie ou la dyspraxie.