Grossophobie
BONNES PRATIQUES
Pour être inclusif des personnes grosses !
Communication
L’importance d’une communication positive et inclusive en loisir pour lutter contre la grossophobie
Il existe, dans nos sociétés occidentales, un culte de la minceur qui entretient un idéal de beauté inatteignable pour une grande partie de la population, ce qui est une cause de stress, de détresse, de perte d’estime de soi. Pour lutter contre cette grossophobie, il est essentiel de déconstruire ces discours et de favoriser le développement d’images corporelles positives et diversifiées, notamment à travers des communications inclusives.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de favoriser les représentations corporelles positives et diversifiées, de lutter contre la grossophobie et de participer à la mise en place de milieux de loisir plus inclusifs pour les personnes grosses..
C1.
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Infolettre
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Réseaux sociaux
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Site Internet
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Promotion
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Outils
Les images véhiculées à travers les médias représentent presque exclusivement des corps minces, ce qui participe au culte de la minceur et à la grossophobie ambiante. Représenter la diversité corporelle permet de déconstruire les stéréotypes liés au corps et de favoriser une image corporelle positive.
Attention, il est important de choisir des images représentatives de la réalité et faire attention à présenter les personnes grosses de manière positive.
Pour vous aider, l’organisme ÉquiLibre propose des banques de photos « Place à la diversité corporelle! »
Présenter une diversité corporelle dans les communications
C2.
Utiliser les mots gros et grosses comme des adjectifs : une personne grosse
Le mot gros ou grosse est un adjectif qualificatif et ne devrait jamais être utilisé comme nom. On peut dire une personne grosse (adjectif), mais pas un gros ou une grosse (nom). Certaines personnes peuvent éprouver un malaise à utiliser cette appellation, mais certains mouvements militants anti grossophobie rappellent que l’adjectif qualificatif gros ou grosse est un terme qui sert à décrire et qui semble péjoratif seulement lorsqu’utilisé pour décrire un corps. Personne n’est mal à l’aise lorsqu’il est question d’un gros camion ou d’une grosse branche. Les termes surpoids ou obèse sont à éviter, puisqu’ils réfèrent à un contexte médical.
Attention, l'utilisation des termes « personne grosse » peut tout de même parfois créer des malaises, une explication telle que présentée ici peut alors être nécessaire. Toutefois, si une personne manifeste son malaise avec l'appellation « personne grosse », il faut le respecter. La meilleure manière de s'exprimer sans blesser quelqu'un est toujours d'écouter et de s'adapter.
C3.
Inclure dans son calendrier des événements qui valorisent une image corporelle positive
La valorisation de la minceur, l'importance de maigrir, la multiplication des régimes, l'industrie du fitness, etc. sont tous des discours qui participent à la grossophobie ambiante. Participer à des événements qui proposent un discours différent permet de proposer des alternatives et de déconstruire ces mythes, tout en valorisant la diversité corporelle.
Attention, participer à différentes activités et faire la promotion de saines habitudes de vie sans grossophobie est important et participer à des campagnes en ce sens est une bonne façon de démontrer son engagement. Toutefois, il faut faire attention que les comportements grossophobes soient adressés à l'année et non seulement lors de journées thématiques sur le poids ou sur l'image corporelle positive.
Quelques idées pour débuter un calendrier qui favorise une image corporelle positive
L’organisme ÉquiLibre propose différentes campagnes pour favoriser une image corporelle positive :
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La semaine « Le poids? Sans commentaire!»
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La grossophobie, ça suffit!
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La campagne « Être au-delà du paraître »
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Semaine sans diète
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Prix ÉquiLibre – pour plus de diversité corporelle
L’organisme offre également divers visuels promotionnels pour ces campagnes, ainsi que des outils de sensibilisation. Une bonne occasion d’en apprendre davantage sur ces enjeux!
C4.
Communiquer les mesures d'accessibilité
Les personnes grosses peuvent avoir vécu des situations humiliantes qui les poussent à craindre de participer à certains événements. Communiquer les mesures d'accessibilité mises en place est une bonne manière de montrer la volonté d'offrir un environnement sécuritaire
Attention, pour promouvoir les mesures d'accessibilité, il n'est pas toujours nécessaire de pointer spécifiquement certaines populations, en disant par exemple « il y a des chaises pour les personnes grosses ». Dans ce cas, il est préférable de simplement mentionner la disponibilité de chaises plus larges.
Ressources humaines
Les personnes grosses sont souvent perçues injustement comme paresseuses, sans volonté, sans discipline ni motivation, ce qui justifie les railleries, les commentaires désobligeants et les comportements humiliants à leur égard. Pour contrer ces préjugés et ces comportements discriminatoires, il est primordial d’adopter des pratiques de ressources humaines inclusives et non grossophobes pour favoriser un climat bienveillant envers les personnes grosses.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place des ressources humaines inclusives et la mise en place d’un service à la clientèle bienveillant à l'égard des personnes grosses. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes grosses.
L’importance de pratiques inclusives de ressources humaines et d’un service à la clientèle sans grossophobie en loisir
R1.
Recruter des profils diversifiés dans son équipe ou lors d’événements
Les modèles véhiculés sont souvent les mêmes et correspondent à une partie de la population seulement. En diversifiant les profils, on peut rejoindre différents publics et permettre la multiplication des points de vue. De plus, il faut prendre conscience de nos biais : nous tendons toujours à préférer consciemment ou non les personnes qui nous ressemblent ou qui correspondent le plus aux normes culturelles. Ainsi, à compétence égale, une personne grosse sera souvent discriminée face à une personne qui correspond plus aux normes corporelles véhiculées dans nos sociétés. Pour réussir à diversifier son équipe et ses événements (panels, conférences, formations, animation, etc), il faut sortir des bassins de recrutements traditionnels et aller au-delà de nos contacts habituels.
Attention, il ne faut pas voir le recrutement diversifié comme une case à cocher, mais plutôt comme un atout et une plus-value. La diversité des personnes permet d'accéder à des expériences spécifiques qui seraient possiblement restées dans l'ombre autrement. Cela permet également de présenter des modèles diversifiés qui pourront inspirer différemment d'autres personnes. Finalement, côtoyer des personnes grosses peut aider à se sensibiliser sur les discriminations et les inégalités qu'elles vivent au quotidien.
R2.
Au Québec, une personne sur quatre a déclaré avoir déjà vécu de la discrimination en lien avec son poids, que ce soit dans ses relations, au travail, dans les lieux publics, dans la recherche de logement ou dans le système de santé. La formation sur l'image corporelle positive et sur la diversité corporelle est essentielle pour déconstruire les perceptions sur le corps, les fausses croyances envers le poids et en comprendre les différents enjeux. Un personnel formé pourra plus facilement reconnaître les pratiques grossophobes et discriminatoires envers les personnes grosses et ainsi mieux y remédier.
Former le personnel sur les enjeux liés à l'image corporelle positive et sur la grossophobie
R3.
Que ce soit en réunion, lors d’un dîner d’équipe ou dans la pratique d’une activité de loisir, tous commentaires sur le poids, que ce soit envers les autres ou envers soi-même sont à éviter, car ils sont susceptibles de reproduire les préjugés sur le poids et la minceur comme idéal à atteindre. Les conseils non sollicités sur l'alimentation ou les saines habitudes de vie sont également à proscrire. En misant sur ce que le corps peut faire plutôt que ce dont il a l’air, on valorise les actions plutôt que les apparences.
Attention, faire des liens entre l'apparence corporelle, le poids et la santé sont des comportements à éviter puisqu'ils reproduisent des préjugés. Dire « T’es pas grosse, t’es belle », sous-entend qu’on ne peut pas être gros et beau en même temps ou encore, « Tu as l’air en forme, est-ce que tu as maigri? », suggère qu’une personne grosse n’est pas en santé. Perdre du poids n’est pas non plus gage de santé, cela peut être dû à des troubles alimentaires, une maladie ou une période de stress (par exemple une rupture ou un deuil, etc.). Il peut alors être d’autant plus déplacer de complimenter la perte de poids, mieux vaut s’abstenir.
Éviter tous commentaires sur le corps et l'apparence
Programmation
Perdre du poids n’est pas une question de volonté ni une question de santé et par conséquent, ces discours ne devraient représenter des objectifs d’activités de loisir. Une personne, peu importe son poids ou son apparence doit avoir accès à des activités de loisir, c’est pourquoi il est important pour une organisation de loisir d’adopter une posture d’inclusion au moment de réfléchir à sa programmation, ses activités et son animation.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place une programmation inclusive. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes grosses.
L’importance d’une programmation de loisir inclusive pour les personnes grosses
P1.
Consulter les personnes participantes aux activités pour connaître leurs besoins et leur niveau de satisfaction
Il est important de consulter les personnes participantes pour connaître leurs besoins, leurs niveaux de satisfaction des lieux, des activités, de l'animation, de l'équipement, etc. Inclure également des questions en lien avec le confort, les comportements du personnel ou des personnes participantes et demander des suggestions pour améliorer les activités ou la programmation. Nous avons tous et toutes des angles morts, consulter est une façon d’en prendre conscience et d’améliorer nos services. Connaître les besoins des personnes est une façon efficace de se donner les moyens de réduire les discriminations.
Attention, il est important de prendre en considération les besoins exprimés lors d’une consultation sinon cela peut davantage engendrer de frustrations et de déceptions. De plus, éviter les questions personnelles : l’objectif est d’évaluer la programmation.
P2.
Plus une personne sait ce qui est attendu d'elle dans une activité, plus elle pourra évaluer elle-même son aisance à y participer. Par exemple s'il faut sauter, courir sur une certaine distance, être debout durant une longue période ou au contraire assis sur des bancs ou au sol. Si des alternatives sont prévues pour l'inclusion de différentes clientèles, il est également important de le spécifier. En décrivant bien les activités et en focalisant sur les capacités nécessaires pour y participer cela peut susciter l'intérêt de personnes qui se seraient exclues, faute d'information.
Attention, éviter les descriptions qui focalisent sur des objectifs de minceur : perdre du poids ou avoir une « silhouette de rêve » par exemple. Ces expressions participent à reproduire les préjugés grossophobes. De plus, le manque d'équipement adapté à certains corps jumelé à des expériences antérieures teintées de grossophobie peuvent amener certaines personnes à s'exclure d'activités de loisirs.
Décrire les activités selon les capacités physiques nécessaires pour y participer
Gouvernance
L’association entre minceur et santé, en plus d’être fausse non fondée, alimente la grossophobie et favorise les discriminations et les préjugés envers les personnes grosses. En travaillant sur la mise en place d’une gouvernance inclusive et de partenariats diversifiés, une organisation se donne les moyens de transformer ses structures pour lutter contre tous comportements et pratiques grossophobes.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations de bonnes pratiques à adopter pour qui permettent de favoriser une représentation diversifiée et une gouvernance inclusive. Ces pratiques visent à favoriser créer une expérience positive en loisir pour les personnes grosses.
L’importance d’une gouvernance inclusive en loisir pour lutter contre la grossophobie
G1.
Les discours sur le contrôle du poids et les régimes sont omniprésents, alors que les facteurs qui influencent le poids sont pour la grande majorité hors du contrôle des individus – âge, hérédité, état de santé, statut socioéconomique, environnement social, etc. Pour lutter contre la grossophobie, il est essentiel de déconstruire ces discours et de favoriser le développement d’images corporelles positives et diversifiées. Une façon d'y arriver est de collaborer avec des organisations ou des personnes qui travaillent sur ces enjeux.
Mettre en place des partenariats avec des organisations qui luttent contre la grossophobie
G2.
Les personnes grosses vivent différentes formes de discriminations et de violence. Adopter une résolution pour favoriser une image corporelle positive permet de participer à offrir un environnement sécuritaire en ancrant la lutte à la grossophobie dans les valeurs d’une organisation.
Attention, au-delà de l’adoption d’une résolution, il est important d’agir en concordance avec celle-ci en appliquant les principes dans tous les champs d’action de l’organisation
Pour vous aider dans l'adoption d'une résolution sur la bienveillance à l'égard du poids
La Table québécoise sur les saines habitudes de vie, ÉquiLibre et l’association pour la santé publique du Québec ont développé un modèle de résolution pour les milieux de travail à télécharger.
Adopter une résolution pour un milieu de travail inclusif et bienveillant à l’égard du poids
Équipements et infrastructures
Certains corps, notamment les corps gros, sont sous-représentés et invisibilisés. Par conséquent, la diversité corporelle n’est pas toujours prise en compte dans l’aménagement des espaces, des infrastructures et l’achat de matériel ou d’équipement de loisir. Les personnes grosses peuvent alors vivre des situations désagréables où les environnements de loisir sont mal adaptés à leur corps, ce qui peut freiner leur participation à des activités.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place une gestion inclusive des équipements et des infrastructures de loisir. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes grosses.
L’importance d’une gestion inclusive des équipements et des infrastructures
E1.
Prévoir une variété de grandeurs dans l'équipement et le matériel nécessaires pour suivre une activité de loisir
Les activités de loisir sont source de bien-être et de plaisir et peuvent participer au développement de l'estime de soi et à l'épanouissement personnel. Par contre, si une personne n'a pas accès à du matériel adapté à son poids, elle ne pourra pas tirer autant de bienfaits de son activité de loisir. Les risques d'abandon sont alors plus grands, ce qui pourrait avoir pour effet de diminuer l'estime de soi et d'augmenter le stress face à son poids. Il est donc important de prévoir une variété de grandeur, par exemple pour les dossards, les costumes, les uniformes, etc. De plus, il faut être prêt à s’adapter lorsque le matériel ne correspond pas à certains corps, sans porter de jugement ou pointer du doigt.
E2.
Organiser l'environnement de loisir en fonction de la pluralité des corps
Pour qu’une personne puisse tirer le maximum de bienfaits de son activité de loisir, elle doit pouvoir évoluer dans un environnement sécuritaire où elle se sent bien et à sa place. Si l’aménagement des lieux lui rappelle constamment son poids en lui envoyant le message que son corps ne correspond pas à la norme voulue, une personne grosse ne peut bénéficier pleinement de son activité de loisir et risque plus fréquemment d’abandonner. Pour éviter cette situation, il faut développer le réflexe de considérer la pluralité des corps, par ensemble exemple en pensant à avoir des chaises plus larges et assez solide ou en s’assurant que les corridors ou les chemins d'accès sont assez larges pour circuler.
Petit lexique
Grossophobie: L'ensemble des préjugés, stéréotypes, peurs et discriminations à l’égard des personnes grosses. Ces comportements, attitudes et mesures discriminantes, voire hostiles, sont la cause d’inégalités, de rejets et de violences envers les personnes grosses. C’est également la peur de grossir, de prendre du poids