Classisme
BONNES PRATIQUES
Pour être inclusif des personnes en situation de pauvreté et d'exclusion
Communication
L’importance d’une communication positive et inclusive en loisir pour lutter contre le classisme
Les personnes en situation de pauvreté sont habituées à faire face à l’exclusion et au rejet, aussi, afin qu’elles se sentent accueillies et bienvenues dans des organismes de loisir, il est primordial d’instaurer une communication inclusive et positive, afin que chaque personne se sente évoluer dans un contexte sécuritaire.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de favoriser les représentations positives et diversifiées, de lutter contre le classisme et de participer à la mise en place de milieux de loisir plus inclusifs pour les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion.
C1.
Communiquer les mesures d'accessibilité qui favorisent une expérience positive et inclusive en loisir
Les personnes vulnérables peuvent avoir tendance à délaisser le loisir, car elles sont freinées par l’aspect économique, ont d’autres priorités ou n’ont pas les bonnes informations. Aussi, si des mesures d’accessibilité visant ces personnes sont mises en place, il est primordial de communiquer clairement à ce sujet, pour que les personnes aient conscience que des activités qui ont été pensées de façon inclusive pour elles existent. Par exemple, si un service d’aide financière existe, il est important de le communiquer pour faciliter son accessibilité.
C2.
Favoriser une approche humaine et directe pour communiquer avec les personnes
Par manque de temps ou manque de confiance envers les institutions, les personnes vulnérables n’iront pas forcément chercher d’elles-mêmes des informations écrites sur des activités de loisir. Ainsi, il peut être préférable de les approcher et communiquer avec elles de vive voix, ce qui rend les choses plus concrètes et engageantes. Cela peut permettre de recréer un lien humain et de recréer de la confiance, avec des personnes qui ont souvent l’habitude d’être exclues.
Spécifiquement pour les inscriptions, il est préférable d’avoir des processus simplifiés, avec du personnel qui puisse accompagner les personnes, pour aider à remplir les formulaires ou expliquer le déroulement des activités. Cela permet là aussi de rassurer les personnes, qui n’ont pas forcément l’habitude de participer à des activités de loisir, en étant disponible et à l’écoute avec elles.
De même, il est préférable d’éviter d’imposer les inscriptions uniquement de façon virtuelle, car les personnes ne disposant pas d’un équipement informatique seront systématiquement pénalisées. De manière générale, la multiplication des moyens d’inscription et de communications est une bonne pratique pour favoriser l’accessibilité, puisque les besoins sont différents d’une personne à l’autre.
Ressources humaines
Les personnes en situation de pauvreté sont habituées à vivre de la stigmatisation, de l’exclusion ou du rejet. Pour contrer ces préjugés et ces comportements discriminatoires, il est primordial d’adopter des pratiques de ressources humaines inclusives et non classistes pour favoriser un climat bienveillant envers les personnes vulnérables.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place des ressources humaines inclusives et un service à la clientèle bienveillant. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion.
L’importance de pratiques inclusives de ressources humaines et d’un service à la clientèle sans classisme en loisir
R1.
Former le personnel sur les enjeux liés à la pauvreté et à l’exclusion
Les personnes en situation de pauvreté ont l’habitude de faire face au rejet, aussi, il est nécessaire que le personnel soit formé, afin d’éviter les comportements discriminatoires, de déconstruire les préjugés, de mieux comprendre les enjeux de la pauvreté et de l’exclusion et de pouvoir adopter un comportement inclusif envers les personnes plus vulnérables. Un personnel formé sera plus à même de reconnaître des comportements discriminatoires et d’y remédier et d’offrir un environnement sécuritaire.
R2.
Recruter des profils diversifiés dans son équipe ou lors d’événements
Que ce soit pour devenir bénévoles, pour animer une activité, un événement (panels, conférences, formations, animation, etc.) ou pour combler un poste permanent ou contractuel, il peut être intéressant de réfléchir à de nouveaux bassins de recrutement pour les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion. En diversifiant les profils, on peut rejoindre différents publics et permettre la multiplication des points de vue. De plus, il faut prendre conscience de nos biais : nous tendons toujours à préférer consciemment ou non les personnes qui nous ressemblent ou qui correspondent le plus aux normes de la majorité.
Attention, il ne faut pas voir le recrutement diversifié comme une case à cocher ou un quota à remplir, mais plutôt comme un atout et une plus-value. La diversité des personnes permet d'accéder à des expériences spécifiques qui seraient possiblement restées dans l'ombre autrement. Cela permet également de présenter des modèles diversifiés qui pourront inspirer différemment d'autres personnes. Du plus, côtoyer des personnes en situation d’exclusion peut aider à se sensibiliser sur les discriminations et les inégalités qu'elles vivent au quotidien.
Programmation
Une personne, peu importe son niveau de revenus, doit avoir accès à des activités de loisir. C’est pourquoi il est important pour une organisation de loisir d’adopter une posture d’inclusion au moment de réfléchir à sa programmation, ses activités et son animation.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place une programmation inclusive. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion.
L’importance d’une programmation de loisir inclusive pour les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion
P1.
Organiser des activités dans des endroits de proximité
La difficulté de se déplacer est l’un des enjeux majeurs auxquels font face les personnes en situation de vulnérabilité. En effet, elles habitent souvent dans des quartiers éloignés du centre-ville, et le loisir n’étant souvent pas une priorité, si se rendre à une activité de loisir implique de payer des transports, cela peut être un frein qui nuit à la participation au loisir. Pour contrer ce problème, il est important d’organiser des activités dans des lieux publics de proximité, que les personnes les plus vulnérables fréquentent déjà, et qui n’entraîneront pas de déplacement. Par exemple, on peut penser à des activités dans des bibliothèques, dans des halls de HLM, sur des places publiques ou dans des maisons culturelles.
P2.
Favoriser la gratuité, les paiements modulés selon les revenus ou l’implication bénévole pour participer aux activités
Pour que les personnes vulnérables puissent avoir accès au loisir, il est indispensable de . Mettre en place la est une bonne idée et si ce n’est pas possible, il est également intéressant de en fonction des revenus des personnes. Le est également envisageable, dans ce cas, la personne décide elle-même du montant qu’il lui est possible de verser. De même, il peut également être envisagé de proposer aux personnes de au sein de l’organisme de loisir, ce qui leur permettrait de participer aux activités gratuitement.
Des programmes peuvent permettre aux organismes de loisir de proposer la gratuité aux personnes à revenu modeste, on peut par exemple se renseigner auprès de :
-
PAFACV (Programme d’aide financière à l’accessibilité aux camps de vacances)
Attention, si l’on met en place une tarification modulée selon les revenus, il est important de ne pas demander de preuves de revenus, car cela est intrusif et pourrait être interprété comme un manque de confiance. Il est important aussi de s’assurer de ne pas exposer les personnes, il peut être préférable de discuter des aides de soutien financier à l’écart et non en public, par exemple.
P3.
Consulter les personnes participantes aux activités
Il est important de pour connaître leurs besoins, leurs niveaux de satisfaction des lieux, des activités, de l'animation, de l'équipement, etc. Inclure également des questions en lien avec le confort, les comportements du personnel ou des personnes participantes et pour améliorer les activités ou la programmation. Nous avons tous et toutes des angles morts, consulter est une façon d’en prendre conscience et d’améliorer nos services. Connaître les besoins des personnes est une façon efficace de se donner les moyens de réduire les discriminations.
Attention, il est important de prendre en considération les besoins exprimés lors d’une consultation sinon cela peut davantage engendrer de frustrations et de déceptions. De plus, éviter les questions personnelles : l’objectif est d’évaluer la programmation.
P4.
Prendre en compte les enfants du public ciblé
La question des enfants est primordiale dans le cas des populations vulnérables, car les revenus étant faibles, il est souvent impossible de faire garder ses enfants pour se rendre à une activité de loisir.
Une des solutions pour l’organisme de loisir peut être de proposer un service de garde. Si ce n’est pas possible, on peut construire un service de garde avec la participation des parents : par exemple, lors d’une activité pour adultes, deux parents surveillent les enfants, avec une rotation chaque heure pour que chaque parent puisse participer à l’activité.
D’autres solutions sont envisageables, on peut notamment prévoir les horaires de façon à faciliter la conciliation familiale, ainsi, des activités pour les enfants peuvent être organisées en même temps que les activités pour les parents.
Enfin, il est également possible de concevoir des activités où les enfants seront intégrés au sein de l’activité proposée aux parents, et inversement.
P5.
Faire preuve de flexibilité dans les horaires proposés et dans l’engagement demandé au public
Les personnes en situation de pauvreté peuvent faire face à des défis en termes de gestion du temps (emploi avec des horaires atypiques, famille recomposée), ainsi, pour faciliter leur participation à des activités de loisir, il est important de proposer des activités avec des horaires variés. De même, il est préférable de ne pas exiger une participation trop assidue et de permettre aux personnes de revenir selon leurs disponibilités, même si elles sont absentes certaines semaines.
P6.
Proposer des moments « amène un ami ou une amie gratuitement »
Les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion ressentent souvent une méfiance envers les institutions, ayant été habituées à faire face au rejet. Cela peut entraîner une réticence à participer à des activités organisées par un organisme de loisir. Afin de faciliter le lien de confiance et favoriser la participation, on peut proposer au public inscrit aux activités d’inviter un ami ou une amie gratuitement. En plus de l’aspect économique incitatif, se rendre à une activité avec un ou une amie permet d’oser plus facilement, d’être motivé et de se sentir plus facilement accueilli dans des groupes où l’on n’a pas l’habitude d’aller.
Gouvernance
En travaillant sur la mise en place d’une gouvernance inclusive et de partenariats diversifiés, une organisation se donne les moyens de transformer ses structures pour lutter contre tous comportements et pratiques discriminatoires envers les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de favoriser une représentation diversifiée et une gouvernance inclusive. Ces pratiques visent à créer une expérience positive en loisir pour les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion.
L’importance d’une gouvernance inclusive en loisir pour lutter contre le classisme
G1.
Établir des partenariats avec des organismes communautaires ainsi qu’avec des établissements de proximité
D’une part, collaborer avec des organismes qui travaillent sur l’enjeu de l’exclusion est nécessaire pour mieux comprendre cette problématique et lutter contre les exclusions sociales.
D’autre part, les personnes en situation de pauvreté peuvent être particulièrement éloignées du milieu du loisir (car il ne s’agit pas pour elles d’une priorité, qu’elles n’ont pas les informations nécessaires, etc.), il est donc important de créer un lien avec des établissements de proximité que ces personnes fréquentent, afin de pouvoir créer un pont avec ces personnes. Il est important de chercher à communiquer des informations aux personnes via les lieux qu’elles connaissent déjà. Ainsi, il est par exemple possible d’organiser des portes ouvertes en collaboration avec ces établissements, pour que les personnes viennent découvrir les services et les installations.
G2.
Inscrire l’inclusion des personnes en situation de pauvreté et d’exclusion dans les règlements internes
Les personnes vulnérables font régulièrement face à l’exclusion, aussi, il est nécessaire d’affirmer la lutte contre toutes formes de discriminations de façon concrète, en inscrivant l’inclusion des personnes en situation de pauvreté dans les valeurs de l’organisme, dans ses règlements, pour que ce soit ensuite décliné au travers d’actions concrètes. Ainsi, il est primordial d’acter de façon écrite la tolérance zéro envers les comportements discriminatoires.
De même, il est nécessaire d’inclure les comportements d’exclusion dans les politiques contre le harcèlement au travail et dans les règles d’utilisation des services, pour assurer des environnements sécuritaires. L’inclusion d’un processus de plaintes et de sanctions est aussi importante.
Équipements et infrastructures
L’importance d’une gestion inclusive et non classiste des équipements et des infrastructures
Les enjeux de revenus ne sont pas toujours pris en compte dans l’aménagement des espaces, des infrastructures et l’achat de matériel ou d’équipement de loisir. Les personnes en situation de pauvreté peuvent alors vivre des situations désagréables où les environnements de loisir sont mal adaptés à leurs besoins, ce qui peut freiner leur participation à des activités.
Bonnes pratiques à adopter
Voici quelques recommandations qui permettent de mettre en place une gestion inclusive des équipements et des infrastructures de loisir. Ces pratiques visent à favoriser une expérience positive en loisir pour les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion.
E1.
Faciliter l’accès à du matériel de loisir via le prêt, le don ou le soutien à l’achat
Pour pratiquer une activité de loisir, il peut être nécessaire d’être en possession de matériel, qui peut s’avérer être onéreux et constituer un frein à la participation au loisir pour les personnes en situation de pauvreté. Pour faire face à cet obstacle, différentes options s’offrent aux organismes de loisir.
Il est possible d’organiser une collecte de matériel inutilisé de la population, pour ensuite le redistribuer gratuitement aux personnes à faible revenu.
On peut également constituer des banques de matériel, le matériel sera ainsi disponible pour emprunt, pour une durée déterminée.
Il est également envisageable de mettre en place un soutien à l’achat, pour permettre aux populations plus vulnérables de s’équiper plus facilement.